L'achat

Aprés avoir longé la mer et les étangs et visité les beaux de provence,
j'arrivai à Sénas petite bourgade méridionnale, perdue entre le Rhone
et la Durance (les kitchs tm). Là j'appellai mon contact mais il n'était pas
disponible. Je dûs me résoudre à attendre. Le seul hotel dans mes
modestes moyens était un routier qui portait le bucolique nom de
"relais des fumades". J'y pris une chambre, que je changeai aussitôt
car on entendait passer les voitures sur la route devant l'hoitel et
demandai une chambre sur l'arrière. Puis je descendis au saloon pour
manger en regardant la météo. Les portes clés étaient des étoiles de
sherifs, les mecs au bar plus vrais que les acteurs des pubs pour
budweiser, il n'y avait que Evelyne Déliat pour me rappeller dans quel
pays on était.


La météo justement était au centre de l'attention de tous ces routiers
car on prévoyait de la neige pour le lendemain. Et eux comme moi en
étaient largement tributaires.


A six heures quarante mon reveil se mit en marche. J'avais mal dormi,
il faisait trop chaud dans la chambre et trop froid pour entrebailler
les fenetres. D"ailleurs certains camions mal chauffés avaient laissé
leur moulin tourner toute la nuit ce qui n'avait pas contribué à mon
repos. Une douche brulante mais sans pression, quelques pompes pour
faire circuler le sang et je décarrais. Arrivé sur la place je trouvai
mon contact avec un chien, il avait acheté des croissants. Il monta
dans le C15 et on alla chez lui.

J'avais emprunté le C15 au camarade Tonio L. aussi appellé le maçon
volant. Elle affichait 200 000 km, une santé de diesel et les couleurs
de Batiflo la socièté de Tonio.

Jean Pierre F. m'offrit un café que j'acceptai avec joie avant de voir
qu'il le mettait au micro ondes. Les croissants étaient digne des
croissants parisiens et le café finalement honorable (de lapin, oeuf
corse !).

Je lui montrai le chèque, on but le café et on se mit à bavarder de
tout et de rien, des gens qui sont bien et des qui le sont moins, de
l'honnêteté qui fout le camp et des courses d'Afamac qui foutent le
camp elles aussi.

Jean Pierre en avait été un solide pilier sur son 350 desmo.

On décida d'aller voir l'engin. Elle était au milieu du garage, noire,
intimidée comme une jouvencelle un soir de bal des pompiers.

Il s'agissait d'une 860 GT DUCATI de 1976. J'insistai pour qu'on essaie
de la faire craquer mais elle resta dans son mutisme.

On la chargea alors sur la remorque sans ménagement. Puis la remorque
fut attelée sans autre forme de procés. Il faisait grand soleil et et
un petit air frisquet comme le mistral sait bien les faire.

Je pris congé de mon chaleureux vendeur et entrepris d'apprendre à
conduire avec une remorque. c'était pas plus difficile que ça à vrai
dire suffisait de pas l'oublier quoi.

Batiflo la C15 dudule la ducati et moi avons donc batifolé (avoue que
tu l'attendais celle là hein ?) sur l'autocroute jusqu'aux environs de
midi, l'air de rien, mais on sentait bien que la situation en profitait
pour changer insidieusement. Arrivé à Lyon un dilemne s'ouvrait à moi
ou je passai mon chemin et tirais droit sur paris en tentant de prendre
de court toute la neige annoncée et avec ça la pluie verglaçante soit
je faisais une pause pour récupérer les montesa de mon pote alain kiné
de son état et grand amateur d'espagnoles devant l'éternel.

Je lui passai un coup de fil pour avoir son contact. Le type faisait
déja la gueule au téléphone : faut dire que je le dérangeai en plein
déjeuner d'affaires, à cheval sur les principes le gugusse.

Du coup j'optionne pour le chargement des brélons d'alain et on verra
plus tard.

Bref, il m'indiqua son huis, et ce assez mal pour que je me pommasse.
Aprés m'etre retrouvé et avoir rejoint cette putain de rue du docteur
nicolas je me garai sur le parkinge. Ah merde faut que je sorte en
marche arrière. C'est que ces saloperies de remorques ça aime pas les
marches arrières oulalaa ... Tant bien que mal je m'en tirai. Le type
me dit qu'il va m'envoyer sa secrétaire je lui demande si elle est
assez balèze pour deplacer une 860 sur la remorque alors le type
m'accompagne. Toujours aussi à cheval mais de moins en mois affable, on
peut pas tout faire, I guess (j'adore parler anglais). On se pointe
devant la descente du garage et là le bip marche pas rhooo putain une
autre marche arrière lui y m'en veut c'est sur. Je m'en ressors bien
mais je me méfie de cette remorque quand même. On contourne le batiment
et on attaque la deuxième rampe (prenez la deuxième rampe qu'ils
disaient dans le métro) mais sans plus de succés alors on sort de la
caisse et on s'attaque à la porte à le manivelle... putain que c'est
long de monter une porte automatique à le manivelle. Quand elle est
bien haut je laisse la manivelle (oui c'était moi qui tournait tu
l'avais compris) et retourne à la caisse je rentre chauffe le diesel et
voila que la porte se remet à redescendre le gars chope la manivelle et
j'avance je sais pas ce qu'il fout à ce moment là mais j'entends un
blammmmm oh putain d'adèle la caisse au tonio MEEEEEERDEEEEEE je sors
pour voir les dégats sans regarder l'autre sinon rien qu'au regard je
le transforme en passoire, je le ventile, je le disperse, l'éparpille
...

Putain le toit a une belle bigne. Grrrrrr ! ! !

Bon le gars remanivelle un coup je rentre on retraverse le parkinge et
on arrive devant son garage. On déplace la duc ce qui prend un certain
temps comme disait l'autre et puis on charge la montesa à coté. On
dirait un mannequin prépubère à coté de la castafiore sur la remorque
c'est joli. Bon pas que ça à foutre je ressors du parkinge et là c'est
tout vu : il y a une tempête de neige qui ferait même pas sourire un
québécois. Pourtant il parait que le québécois est souriant. Si, c'est
laurent Géra qui me l'a dit. Bon je gamberge un peu prendre la route
dans ces conditions me parait pas raisonnable.

Je continue ma gamberge un moment sur ce que je pourrais bien faire ce
qu'il faudrait c'est que j'aie un pote avec une grande maison et un
parkinge pour garantir mes antiquités. C'est qu'une remorque même sous
la neige ça prend pas plus de cinq minutes pour l'atteler à une autre
voiture alors l'hotel bof.

J'appelle Pierre C qui est à grenoble pour lui demander les coordonnée
du Grand. Il me les donne en me disant qu'il rentre sur lyon sous peu
que s'il y a un problème avec le Grand je n'ai qu'a l'appeller.
J'appelle Sa Majesté François B. aussi surnommé 15 côtes, Francesco,
françounet (mais généralement par sa mêre), the Big One (mais
uniquement dans les quartiers chauds de Los Angeles), guzzila, et j'en
passe.

Francesco me dit que pas de problème qu'il peut m'accueillir, que ça
tombe bien qu'il a une grande maison que j'ai qu'a appeller sa femme
pour le prévenir et arriver, il me file l'adresse et l'itinéraire. Mais
comme un con je loupe l'entrée du pérife. A croire que c'est une
fatalité ce pérife : ou que t'ailles : paf un pérife. Et si tu le
loupes t'as l'air con. Alors dans une tempête de neige à Lyon avec une
remorque remplie de motos plus vielles que ton meilleur whisky je te
raconte pas ...

Bon je vais pas me faire tout bron non plus (je m'appelle pas bronx
moa) alors je descends demander au type de la bagnole devant moi où
c'est le pérife. Le type me regarde avec dans les yeux toute la
compassion du père noyel quand il t'apporte un déguisement de Lady
Diana avec le diadème, la perruque et la poupée de l'autre salope là
pour planter les aiguilles dedans ouais camila c'est ça. Il me dit
suivez moi je vais vous y emmener. Moi surpris, j'acquiesce, forcément
: dans les cévennes y'a qu'une route alors quand un gus s'est perdu il
suffit qu'il fasse demi tour, quant à paris bah s' t'es gentil tu lui
essplique sinon il va se faire voir au bois. Mais pour l'accompagner
peau de zobi. Bon je dois lui sortir des yeux aussi grands que quand le
père noêl t'as apporté la tenue de lady Di puis je retourne dans le
C-fifteen (j'adore parler anglais et tu vas voir que c'est utile) alias
Batiflo (mais le latin c'est bien aussi !). Le type me drive sur une
borne et puis magique je suis sur le pérife. D'ailleurs je le reconnais
je suis déja passé par là tout à l'heure. Oui mais c'est quand je
cherchais l'aut'zigue et y neigeait pas encore ça roulait à 80 100
alors que là c'est tout le monde sur une file et on roule à 30...

Fait remarquable je vois passer sur le sens inverse une voiture avec
une moto ducati rouge qui porte le numéro 98 y'a pas à chier faut aimer
les ducats pour affronter les éléments comme ça... Je lui fais coucou
mais il est en train de fumer un gros tarpé long comme le bras en
buvant du jack daniels cet enfoiré et il me voit pas. Pourtant il est
du coté de la duc, mais peut etre n'at il pas reconnu la création
giugiaresque sous la neige qui sait ...

Je finis par arriver chez francesco : je me prends une ou deux montées
en dérive : les roues avant moulinent un peu mais le C-fifteen est
imperturbable quant à moi je bouge pas mon arpion d'un millimètre de
l'accélérateur : si je cale ou si je me "tanque" comme on dit dans le
midi je repars pas. Mais j'arrive quand même jusqu'a chez françounet
commme l'appelle sa femme aussi quand elle est contente.

J'avise la montée le numéro 135 je mets un gros coup de gaz et je me
lance dans l'impasse. Le C-fifteen rugit, bondit l'écume aux levres
prét à avaler cette montée et puis se casse les pattes sur la neige :
patine perd de son élan se stabilise encore hardi et puis se met à
reculer, vaincu.

ET MERDRE ! Bon cétait évidEnt aussi ça montait trop. Bon je sors de la
caisse et vais m'enquérir de Mrs Stéphanie B. Elle est sur son balcon,
au téléphone. On papote un peu et on trouve une pelle je dégage le C-15
et finit par le ramener jusqU'au garage. Les motos sont couvertes de
boue qui a gelé. J'essuie l'alu et les chromes pour pas laisser le sel
les bouffer puis je me fais offrir une mousse par Stéphanie. On va pas
raconter ici la vie intime de la famille B. mais comme Stéphanie est un
peu californienne on cause un peu anglais et c'est cool parce que moi
j'aime bien ça.

Là dessus Francesco arrive dans un 4x4 à sa mesure : 3 tonnes, 6
cylindres, des roues de camion... ça doit etre chiant d'etre grand tout
coute plus cher !

Bon je passerai les détails d'une soirée agréable avec la famille B.
les souvenirs de san francisco les mémoires d'un guzziste qui a été là
au bon moment : fondation de le scuderia guzzi des listes ducati et
guzzi et plein d'autres encore que personne sait qu'elles existent.
Membre fondateur de l'idée d'organiser un troféo un soir de beuverie au
bord du lago lario...

La cervelle encore pleine de ces souvenirs j'ai écrasé comme un bébé
jusqu'à neuf heures puis café tournage du bazar et partage pour paris
par l'autocroute. Cent bornes de brouillard sur le bitume non drainé en
sortie de Lyon puis tranquille. J'ai posé la remorque chez mon pote
alain à champigny et je suis rentré, c'était pas le moment de mollir on
était le 31 décembre vers 18 h...

Lundi j'ai rémené Batiflo à son propriétaire puis j'ai regagné la
capitale en moto, les bagnoles c'est quand même pas trés sain comme
truc. Enfin bon quand il neige et que t'as une remorque au cul t'es
quand même content d'avoir 4 roues.....

Encore mille fois merci à tonio, pierre, francesco, et à monsieur
Fontaine qui aurait pu vendre 10 fois la moto mais qui n'a qu'une
parole.

Je suis donc le nouveau proprio d'une 860 gts juste à la période de
Noël...

:g