jeudi 18 octobre 2012

Conte de noel 1



salut les jeunes...


Je suis sortie des ateliers de Borgo Panigale le 12 mai 1975 ... je m'en
souviens comme si c'était hier l'air était doux et on m'a enfermé dans
un carton pour m'envoyer dans le sud de la france à "Lectoure" pour etre
précis. Là je pus faire admirer ma belle robe couleur rouille et
d'ailleurs je ne tardai pas à trouver un amou... cheteur...

Mais avant de vous raconter tout ça il faut que je vous parle un peu de
moi ... je suis une 860 gt équipée d'origine d'une culasse classique
c'est à dire non desmodromique, de deux carburateurs Dell'Orto de 32 et
de deux affreux pots Silentium ... autant vous dire qu'avec ça je
faisais pas la fière à coté des copines qui avaient une belle bulle
"sport " les beaux carbus et la cavalerie pff ces vaches c'est tout
juste si elles me regardaient dans le train... mais je m'en fous moi je
me trouverais un beau pilote bien attentionné alors qu'elles se sont
coltinées des tortionnaires qui les ont pas ménagées ... bien fait na !
! !
Alors comme ça j'avais ma belle tenue orange métallisée (le premier qui
s'esclaffe je deviens toute rouge et je me pete la pompe à huile) avec
mes carbus tout riquiqui et j'étais ce qu'on appelait à l'époque une gt
mais bon c'est quand même pas le confort de mes amortisseurs qui
justifiait des conneries pareilles mais les décisions des hommes sont si
bizarres des fois... et j'étais dans la boutique de ce vendeur juste en
face des pyrennées et derriére moi des millers de kilometres de virolos.

C'est là qu'il est arrivé ce grand gaillard tout sec avec un grand nez
tout droit et un regard clair (j'en étais déja toute pâmée) il m'a
tourné autour comme un gamin presque toute une aprés midi sa main sur la
selle toujours accroupi à me regarder les carbus comme si c'était le
décolleté de brooke shields puis il est parti en disant bon d'accord à
mardi. Evidemment il me parlait pas à moi il parlait au taulier mais le
mardi suivant on partait ensemble à l'assaut des petites routes gersoises...

Quel bonheur de rouler avec ce garçon (il s'appelait François) il m'a
fait un rodage de première classe tout en douceur avec de ci de là un
petit coup de sang pour me réveiller (moi à ronronner je finis par
m'endormir ; c'est comme ça j'aime pas les tièdes ! ) ah je me mettrais
la bielle au feu qu'il s'éclatait autant que moi !

Et puis ça a été la routine je l'emmenais à son boulot ( il était
cuistot ) puis au bistrot puis au balloche avec lui y'avait pas souvent
de soirées calmes et quand on rentrait j'avais plutot interet à me
rappeler des virages sinon il aurait pas toujours dormi dans son lit le
bougre mais bon il s'occupait bien de moi même quand il s'était mis une
"mouline" comme il disait le lendemain il en profitait pas pour sauter
une vidange ou remetre à la prochaine le graissage de la chaine ou la
visite à l'épurateur centrifuge cette connerie là qui est toujours plein
de saloperies et sans oublier un controle quasi obséssionnel des jeux
aux soupapes.

Moi à ce qu'on s'occupe de moi comme ça j'ai fondu moi pour ce garçon si
bon conducteur et si bon mécanicien j'en pouvais plus dés que je le
voyais mais je sais pas bien s'il s'en rendait compte, en tous cas on
était tout le temps fourré ensemble en balade ou en baston et y'avait
pas grand monde pour nous tenir la dragée haute parce que question tenue
de parquet quand même j'assurais sérieux et mon moulbif l'a jamais été
comparé à un poumon qu'on se le dise !
Enfin bref ça finissait souvent pareil lui au chaud au bar moi dehors à
me cailler et à la fin fallait que je le ramène tellement il était
bourré mais je me plaignais pas je faisais la causette avec les brelons
qu'on avait torchees des 350 rd ou des PJR ( patrick juvet replica,
y'avait bien les paillettes mais ça a jamais remporté une bourre) des
250 sl ou des fois des trucs rigolos comme des 250 ossa des 125 katoche
avec leurs ailettes en éventail ou carrement des terreux : genre 350
villa ou 250 husky ça a l'air de rien ces conneries à trous mais bien
emmenées ça faisait pas que de la fumée et dans les petits coins fallait
s'accrocher...

Bref aprés des tas de bornes et (je l'avoue humblement ) un vilo
remplacé à 57 000 bornes j'ai senti venir les nuages y'avait de plus en
plus souvent une gonzesse blonde en ballade aec nous ...Ohh moi j'ai
rien contre un peu de surcharge mais quand même ça devenait ennervant de
jamais pouvoir taper une bonne bourre j'ai hélas vite compris que non
content de la porter sur mon dos elle allait me le piquer mon françounet.

Oh ça a bien pris quelques années quand même mais il venait de moins en
moins souvent au garage ou alors il etait tout plein de peinture et il
avait comme un regret dans le regard quand il me souriait moi je faisais
celle qui n'a rien vu mais je sentais bien qu'il y avait un truc. Et un
jour ça a été la bonne : il m'a parlé d'un tas de trucs de banquiers de
maison de gamins j'y ai rien compris mais j'ai bien vu qu'il voulait
plus de moi et puis je me suis rappellé qu'a son dernier passage chez
salles ils avaient discuté un moment en me regardant comme des
maquignons ah le salopard je comprenais tout maintenant mais que
faire... Comme une vieille anglaise indigne je laissai tomber une petite
larme d'huile sur la poussière du garage qui l'enveloppa...

Alors je regagnai un jour triste la boutique face aux pyrénnées

:g@a suivre

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